Le tutoiement ou le vouvoiement en thérapie, c’est un peu comme choisir entre deux paires de chaussures : on veut être confortable, mais aussi s’assurer de ne pas déraper… 🫠
Mais soyons honnêtes, aucune des deux options n’est neutre.
Vous avez peut-être déjà eu ce dilemme :
- Dois-je garder le vouvoiement même si mon patient me tutoie ?
- Est-ce que le tutoiement peut nuire à la relation thérapeutique ?
- Et si je me sens plus à l’aise en tutoyant, est-ce que je peux l’imposer ?
Alors voyons ensemble ce que ce choix implique réellement dans la relation thérapeute-patient.
Le vouvoiement : une distance contenante
Le vouvoiement, c’est un peu la tenue professionnelle de rigueur que n’importe quel professionnel du corps médical et paramédical utilise.
Il permet d’installer une forme de distance, souvent vécue comme sécure, et donne un cadre clair dès le début du suivi.
En quelques sortes : vous n’êtes pas au café du coin entre copines, à papoter de vos problèmes, vous voyez ? ☕️
En vouvoyant, vous affirmez d’entrée votre rôle, ce qui peut aider le patient à se sentir cadré, soutenu et contenu.
Les avantages du vouvoiement en thérapie :
- Clarifie la relation asymétrique
- Pose un cadre rassurant
- Facilite une posture professionnelle constante
- Protège les transferts (et notamment les transferts amoureux)
Les limites du vouvoiement en thérapie :
- Peut être perçu comme froid, voire rigide par certains patients
- Ralenti parfois la confiance et l’alliance thérapeutique
- Dans certaines cultures ou tranches d’âge, le vouvoiement peut créer une barrière (notamment pour les enfants ou les ados)

Le tutoiement : une proximité potentiellement engageante
Le tutoiement, quant à lui, est souvent associé à la spontanéité, à la décontraction et à l’accessibilité.
Il est parfois utilisé pour créer un lien plus direct, plus horizontal.
Certains thérapeutes tutoient systématiquement, alors que d’autres l’adoptent selon le contexte (pour les enfants, ados, jeunes adultes par exemple).
⚠️ Mais attention : le tutoiement est loin d’être neutre en thérapie !
Les avantages du tutoiement en thérapie :
- Peut aider à créer rapidement un lien de confiance, notamment avec les jeunes ou dans des contextes plus informels
Par exemple, lorsque j’exerçais à la mission locale avec des jeunes adultes, c’était difficilement approprié de les vouvoyez, encore plus lorsque nous faisions des ateliers à médiations.
- Donne un sentiment d’égalité et de proximité qui peut favoriser la parole
- Peut alléger la relation quand le vouvoiement devient trop solennel ou inhibant
Les limites du tutoiement en thérapie :
- Peut brouiller les limites chez les patients
- Peut induire une confusion relationnelle (plus particulièrement en ce qui concerne les transferts amoureux, j’en ai parlé dans cette vidéo → “Le transfert amoureux”)
- Risque de donner une illusion de “proximité” affective, qui n’est pas toujours soutenable sur le long terme

Alors, on fait quoi ? On tutoie ? On vouvoie ?
Vous vous en doutez, la réponse n’est ni absolue, ni unique ! Ça va dépendre de vous mais aussi du contexte.
Dans tous les cas, le plus important, c’est de choisir consciemment et d’être en cohérence avec :
- Votre posture professionnelle
- Votre manière de travailler
- Le type de patient que vous accompagnez
Et surtout… d’être capable de poser ce choix dans le cadre.
💡 Par exemple : vous pouvez tout à fait dire en début de suivi : “Ici, je vous vouvoie par souci de cadre professionnel, même si vous me tutoyez, c’est ok.”
Ou inversement : “Je tutoie dans le cadre de mes suivis, mais si vous préférez qu’on se vouvoie, dites-le moi.”
L’essentiel, c’est que le patient sache que ce choix a du sens pour vous, et qu’il s’inscrit dans une réflexion thérapeutique.
Le tutoiement : une proximité potentiellement engageante
Il peut arriver qu’un patient vous tutoie spontanément. Ou qu’il passe du “vous” au “tu” sans prévenir.
Ou qu’il vous demande si vous pouvez le tutoyer aussi.
(Et parfois, c’est juste un petit loupé 😂)
Dans ce cas-là, tout se joue dans votre capacité à rester aligné avec vous-même.
- Vous avez parfaitement le droit de garder le vouvoiement même si le patient vous tutoie.
- Vous avez aussi le droit d’adopter le tutoiement si ça vous semble juste et que ça a du sens, tout en explicitant ce changement, évidemment.
Mais ne le faites pas pour “faire plaisir”, “ne pas froisser”, ou “éviter le malaise” hein !
Ce serait souvent au détriment de votre propre cadre. Et ça, à long terme, c’est rarement une bonne idée 😉
Ce type de situation peut vraiment venir tester votre cadre et votre solidité. C’est pourquoi il est essentiel d’avoir une posture claire, structurée et suffisamment ancrée.
👉 Si c’est quelque chose que vous avez envie de travailler, on aborde précisément comment construire et consolider votre cadre dans la formation Les Bases de la Thérapie. Parce que votre posture, c’est votre meilleur repère quand la relation thérapeutique vous bouscule. Pour en savoir plus, c’est par ici ! 👋

En résumé
- Le vouvoiement est souvent plus couramment utilisé, plus cadrant, plus structurant et plus contenant. Il limite aussi les flous dans la relation thérapeutique.
- Le tutoiement peut créer du lien plus rapidement mais nécessite un cadre clair et une posture solide.
- Aucun choix n’est bon ou mauvais, tant qu’il est réfléchi, assumé, et clairement posé auprès de.s patient.s.
Ce qui compte, ce n’est pas seulement le pronom utilisé, mais la manière dont il est contenu dans le cadre que vous posez et le sens que vous lui attribuez.
Et si vous souhaitez approfondir le sujet et obtenir encore plus de conseils, vous pouvez vous inscrire gratuitement ici ⤵️
Sommaire de l'article
Récentes publications
Commandez mon livre
De vrais conseils et des exercices à appliquer pour vous sentir (enfin) plus heureux avec vous-même !
