Comment gérer un patient qui ne parle pas en séance ?

Il entre dans la pièce. Il s’installe.

Et… silence. Long. Très long.

Pas gêné. Juste… muet 🤐

 

Et là, vous vous retrouvez à vous poser plein de questions :

  • “Est-ce qu’il attend que je parle ?”
  • “Est-ce que je suis censé relancer ?”
  • “Est-ce qu’il veut être là, au moins ?”

La séance est là, le temps passe et les mots… ne viennent pas.

 

Alors, que faire face à un patient qui ne parle pas ? Comment garder une posture solide, tout en restant dans la relation ? 🤔

Comment gérer un patient qui ne parle pas en séance ? psychologue

Un silence qui veut dire quelque chose...

Ce silence-là n’est jamais vide.

Il raconte. Il exprime. Il dit, autrement.

 

Un patient qui ne parle pas n’est pas forcément un patient “fermé”. Il peut être :

  • En grande détresse émotionnelle
  • Submergé par une angoisse difficile à verbaliser
  • Dans une position de test (oui, il teste la solidité du cadre, et la vôtre 😅)
  • Ou tout simplement… dans une incapacité à formuler ce qu’il ressent

Bref, le silence, c’est déjà un matériel clinique.

Et ce qui compte, c’est pas de le “remplir” à tout prix, mais de lui faire de la place.

1. Restez présent, sans sur-réagir

Quand un patient ne parle pas, le premier réflexe peut être de compenser.

Remplir. Expliquer. Relancer. (Encore. Et encore 😒)

 

Mais en réalité, c’est pas toujours utile !

Et parfois, c’est même contre-productif.

 

Dans ces cas-là, je vous invite à restez dans la présence. À ralentir votre rythme.

👉 Laissez l’espace exister, sans pression.

 

Le silence peut aussi être thérapeutique s’il est contenu par une présence calme et sécurisante.

🎥 Je parle justement de l’importance du silence dans ma vidéo « Ce qu’il ne faut pas dire aux patients… ». Pour y jeter un œil, c’est par ici !

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2. Nommez ce qu’il se passe (sans interpréter)

Si le silence dure ou qu’il semble s’installer de manière répétée, n’hésitez pas à le mettre en mots.

Pas pour “briser le silence”, mais pour le reconnaître et le contenir dans la relation.

 

Vous pouvez dire :

  • “J’ai remarqué que c’est souvent difficile pour vous de commencer à parler”
  • “On dirait qu’il y a quelque chose de difficile à dire ou à formuler, je me trompe ?”

 

Par exemple, je me souviens d’une patiente qui n’a quasiment pas dit un mot lors des 2 ou 3 premières séances.

Elle était littéralement figée 😳

 

Parler, pour elle, c’était un exercice qu’elle n’avait jamais fait en 40 années d’existence. Alors vous imaginez me parler à moi, qu’elle ne connaissait pas ?!

 

Ce n’est qu’à la 4e séance qu’elle a trouvé la force de dire quelques mots.

 

Elle m’a simplement avoué qu’elle venait pour parler du décès de son père… mais qu’elle n’y arriverait pas pour le moment.

Et c’est tout.

 

Il a fallu attendre une année entière, à raison d’1 séance tous les 15j, pour qu’elle commence à en parler vraiment.

 

Parce qu’avant, c’était trop tôt.

Parce qu’elle avait besoin de temps.

De contenance. De sécurité.

Et c’est ok.

 

Rappelez-vous que mettre en mots la difficulté à parler, c’est aussi aider le patient à ne pas culpabiliser 🙏

3. Ajustez votre posture (et adaptez-vous !)

Il est important de s’adapter à l’impossibilité à parler du patient.

Quand ce n’est pas possible, inutile d’insister.

 

❌ Mais ne vous découragez pas !

 

Vous pouvez introduire des outils à médiations, des supports, pour l’aider à exprimer autrement, ce qui va grandement l’aider, et vous aussi par la même occasion 🙌

 

Par exemple, le Dixit est un support que j’utilise très souvent (et que je trouve très pertinent même pour les adultes !).

J’utilise les cartes du jeu classique ou celles de l’extension “Révélations” qui permettent d’associer, de projeter, de symboliser

 

C’est un très bon medium pour commencer à dire, sans les mots.

 

Mais aussi parfois, de dire simplement : “Je ne sais pas quoi dire mais cette carte me parle.”

Et c’est un point de départ.

 

Pas besoin de mots. Juste de la place pour ce qui émerge.

Et notre rôle, c’est de nous adapter, c’est proposer sans forcer. Tout en écoutant avec ce qui vient, au rythme du patient et en fonction de ce qu’il est en mesure de pouvoir apporter, à sa façon 🩷

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4. Reformulez la demande… et, si possible, les objectifs

Parfois, le silence vient aussi d’un flou : une demande mal formulée, un motif de consultation trop vague ou encore un malaise à l’idée même de “faire une thérapie”.

 

Dans ces cas-là, revenir à la demande initiale peut être utile, voire nécessaire.

 

Vous pouvez dire par exemple :

  • “Quand vous êtes venu, vous m’aviez dit que vous souhaitiez avancer sur (…). Est-ce toujours le cas ?”
  • “Est-ce que c’est ok pour vous ce rythme de séance ? Ce que nous faisons ensemble vous convient-il ?”

La formulation des objectifs est un élément indispensable pour vous, et pour votre patient.

 

Ils permettent d’avoir de la clarté sur le travail thérapeutique mais aussi, une direction.

📌 Je vous donne un plan très structuré pour construire une première séance avec un patient, avec notamment la formulation des objectifs, tout le travail autour de la demande et de l’anamnèse. C’est une base indispensable à réaliser dès le début ! Vous y avez accès ici 👋

En résumé

Faire face au silence d’un patient, c’est pas simple. On peut vite se sentir impuissant, tourner en rond dans sa tête et ne plus savoir comment “relancer” sans bousculer, ni figer encore plus.

 

💡 Mais rappelez-vous : c’est pas à vous de “meubler”. C’est à vous de contenir l’espace. Et ça, c’est déjà beaucoup pour les patients.

 

Quand un patient ne parle pas, ce n’est pas qu’il ne veut pas, c’est souvent qu’il ne peut pas.

Et c’est dans cette impossibilité-là que tout commence.

 

Votre posture, votre capacité à contenir, à nommer et à adapter votre cadre sont vos meilleurs outils.

C’est grâce à eux que vous permettez au patient de rester là, même s’il ne parle pas encore.

 

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